Expositions : « Photographie » de Gregg Ellis et « Voyages » de Françoise Nuñez
Galerie du Château d’eau, Toulouse. Françoise Nuñez est représentée par la Galerie Camera Obscura à Paris.
« Voyages ». Via. Concis, le titre de l’exposition nous amène, à pas feutrés, sur les sentiers de l’imagination et à la pensée du mouvement.
Voyage. Pierre Reverdy, dans ses « Poèmes d’aujourd’hui pour les enfants de maintenant », évoque dans « le départ », ce moment bancal, qui en marque la fin, et le commencement. « Un oiseau chante/ Il va mourir/ Une autre porte va s’ouvrir/ Au fond du couloir ». Objets. Puzzle. Aménagement d’un instant qui chasse l’autre.
Fluidité de la durée du voyage « Relais » pour Gérard de Nerval : « Et voici tout à coup, silencieuse et verte/ Une vallée humide et de lilas couverte! » écrit-il dans ses Poésies. Rencontre du paysage, au gré de la route. Surprise des couleurs, des sons, des odeurs. Vocabulaire du sensible, du rêve.
Notre déambulation circulaire devient symbolique ici, l’exposition de Françoise Nuñez présentant, au premier étage, une série de photographies prises aux quatre coins du monde : Mexique, Inde… Cascades, places publiques sous une pluie grasse, floue, les photographies se déploient entre paysages variés se situant entre végétal et minéral, recherche artistique ou capture simple et minimaliste de l’instant.
L’accès au sous sol, permis par la descente d’un escalier discret, nous transporte dans une ambiance différente. L’architecture du lieu se prêtant à merveille aux photographies, un son d’écoulement de l’eau nous parvient tandis que nous parcourrons, toujours de manière circulaire, l’espace, dont la température nettement moins élevée, garde notre corps tout en éveil.
La montagne sacrée (Arunacgali, Inde) sombre, aux dégradés gris et noirs, trône, céleste, telle une icône, au milieu d’un mur garnis de pierres ocres. Les photographies ne semblent se fixer sur rien, ou plutôt sur un tout, qui fait peut être la particularité de la démarche. L’on sent poindre par ailleurs cette volonté de composer la photographie, derrière le hasard affiché.
Le lieu vivant, à la fois brut et chaleureux qu’est le Château d’eau redonne toute la puissance aux photographies. Il est, à lui seul, une invocation, un hommage lointain aux paysages réels saisis par la photographe.