Comment décrire le travail de Patrick Neu, en des termes justes ?
En faisant le tour de l’exposition, je fus spontanément attirée vers un large cube blanc où trônait, sous son carré de verre, une sculpture présentant, avec une subtilité étonnante, deux pattes de moineaux, renversées sur un petit socle. Après une étude attentive du phénomène, je redresse la tête et croise le regard interloqué d’un vieillard, qui fini, dans sa détresse, par se retourner vers moi : « Qu’est ce que c’est ? » « Une bague ? » « On ne sait pas. » Après réflexion, un sourire éclaira son visage et il lâcha enfin : « On ne sait pas ce que c’est. C’est. Et on s’arrêtera là. » Voilà comment, peut être, résumer le travail de Patrick Neu.
Sa série d’Iris, placée à l’entrée de l’exposition, et qui s’étend sur un pan de mur entier, ne se laisse pas seulement balayer du regard. Attirantes, envoutantes, réalistes à l’excès, le détail de la fleur happe, enchante, « vit » en la rendant quasiment mobile. L’artiste raconte l’histoire du regard, ce regard attentif que nous avons perdu, ce mécanisme de la contemplation que nous ne savons plus actionner et qu’il faut réapprendre.
Plus loin, Patrick Neu invite le spectateur dans un monde tinté de minutie, d’absolu, entre images bibliques et tableaux de grands maitres, Bosch, Holbein ou Rubens, tracés finement dans du noir de fumée déposé sur la paroi intérieure de grands verres. Ceux ci, par la puissance du dessin, prennent alors l’allure de la toile la plus solide du monde. Voilà où se trouve le génie de Neu. Faire prendre à la matière, une autre forme, jouer sur les paradoxes, comme le montre la camisole confectionnée en ailes d’abeilles, autre pièce étonnante de l’exposition.
Voir la vidéo de l’exposition.
Palais de Tokyo (Paris) : 24/06/2015 – 13/09/2015